C’est parce que nous sommes des êtres parfaitement inadaptés par nature que notre intelligence nous a permis depuis les premiers hommes à apprendre par des outils, des artifices et diverses techniques à compenser le manque d’adaptation de l’espèce humaine.
Aujourd’hui poussée à la quasi perfection, l’art du camouflage se révèle une science indispensable pour s’approcher au plus près et permettre le meilleur cliché mais aussi pour éviter un dérangement trop important des animaux que nous rencontrons dans leurs milieux naturels.
J’ai rédigé cette synthèse en m’appuyant sur des connaissances empiriques, des écrits de confrères, de vieux récits d’ethnologues sur les tribus d’indiens mais aussi les manuels TTA de l’armée française que j’ai eu l’honneur de côtoyer autrefois !
Il faut savoir que l’objectif primordial reste de leurrer les sens de l’animal par divers moyens visuels mais aussi olfactif et ainsi se fondre dans l’environnement. L’ensemble des pièges à éviter en billebaude comme en affût peuvent se résumer au fameux « F.F.O.M.E.C.B.L.O.T. » qui réunit les 10 principes de bases du camouflage, les 10 facteurs fondamentaux, récurrents et inévitables qui interviennent dans le domaine!
Reste à chacun de trouver la tenue et les outils les plus pratiques sur le terrain pour avant tout être à l’aise et savoir disparaître dans le vert !
FFOMECBLOT:
Fond Forme Ombre Mouvement Eclat Couleur Bruit Lumière/Lueur Odeurs Traces
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1- LE FOND : " c’est le décor dans lequel vous évoluez."
C’est l'environnement, devant vous, (écran de dissimulation), mais surtout derrière vous, En effet, il faut toujours penser à l'arrière-plan, Votre camouflage peut vous sembler invisibles de face, parce que VOUS vous projetez fatalement devant votre nez, en vous convainquant inconsciemment que l'animal voit ce que vous voyez. Mais si vous êtes le Positif de l'image, l'animal en voit le Négatif.
Il se peut donc que vous soyez dans l'axe d'un rocher ou d'un mur clair qui dort dans votre dos et que vous n'avez pas vu, parce que vous faites une fixette devant votre nez.
On doit se considérer tout le temps observé par quelqu'un. C'est la raison pour laquelle il faut faire attention sur 360°, parce le fond sur lequel vous évoluez peut trahir votre présence.
Quelques exemples: La nuit. Le ciel nocturne est toujours plus clair que la forêt. Attention à ne pas marcher en ligne de crête, votre silhouette se détache en noir sur fond clair.
En plaine ouverte, attention à l'arrière plan, même lointain. Une maison, si lointaine soit-elle, peut "happer" un court instant la dominante sombre de votre treillis. Un court instant qui peut suffire.
En Irlande du Nord, les sympathisants et les activistes de l'IRA peignaient les murs des maisons d'une large bande blanche, à hauteur d'homme, afin que les patrouilles britanniques soient visibles lorsqu'elles longeaient les murs de ces mêmes maisons. La silhouette sombre du trooper se détachant irrémédiablement sur fond blanc.
A méditer…
N'oubliez pas: un coup d'œil devant, un coup d'œil derrière.
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2- LA FORME :
L’objectif est de briser la forme du corps humain (briser la forme tête-épaules se révèle souvent suffisant par une alternance clair/foncé la forme du corps humain).
Attention cependant à ne pas trop en faire. Une simple écharpe-filet jetée sur la tête et couvrant les épaules suffit la plupart du temps à briser cet forme.
Souvenez-vous que le mieux est l'ennemi du bien
Autre chose, attention que la "forme" de votre tenue (votre aspect géométrique) ne jure pas dans votre environnement direct. Un paquet compact aux formes trop nettes, même si elles n'ont rien d'humain, peut vous trahir.
Personne ne vous demande de ressembler à tout prix à un élément du décor. Ne le faites pas, car ils sont tous différents et bien trop complexes pour être imités à la perfection. Et surtout, comme ils peuvent être décrits par un homme qui observe ("dentelé, découpé, ciselé…"), n'ayez pas une forme descriptible.
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3- L’OMBRE :
Tant qu'il y a de la clarté, elle nous suit comme la peste. Je dis clarté, et pas lumière, car la clarté de la Lune suffit à générer une ombre. Pensez y surtout les nuits de pleine Lune.
Quelle que soit vos teintes, votre forme, votre allure de progression et votre discrétion, vous ne pouvez pas l'éviter: vous créez une ombre.
Comme vous n'êtes pas, si je puis dire, des fantômes, vous êtes obligés d'en tenir compte.
Pour cela, premièrement, surveillez toujours l'angle de la lumière solaire. Ne longez pas un mur ou une haie ; la lumière solaire y projette votre ombre.
La lumière solaire doit de préférence être dans votre dos, quand vous avancez sur de l’approche. Ce qui aura deux avantages: la lumière sera projeté vers lui, donc, vers le sol et le soleil de face gênera considérablement sa capacité à vous déceler.
Mais, revers de la médaille, votre ombre peut courir jusqu'à l’animal observé, s'il n'y pas d'obstacles entre votre ombre et votre sujet !
Attention:
_ ne coupez pas le soleil directement, façon éclipse. C'est radical pour vous faire repérer.
_ Ne laissez pas votre ombre dépasser d'un rocher/ buisson derrière lequel vous vous dissimulez.
Dans tous les cas, c'est une certitude, plus vous ramasserez votre silhouette, moins votre ombre vous trahira: si votre silhouette est ramassée, l'ombre qui est projetée en est moins facilement identifiable.
Ca n'en est que plus évident lorsque vous êtes allongé. L'ombre générée est presque nulle et, pour peu que le camouflage soit ample et 3D (et ne générant pas "d'effet cavité"), elle n'est pas assimilable à l'être humain.
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4- LE MOUVEMENT :
2 types de mouvements vont nous intéresser lors de nos approches photographiques:
Le mouvement de déplacement
Le mouvement d'action.
•Le mouvement de déplacement est la manière et l'allure auxquelles vous vous déplacez. La première chose à éviter est la précipitation, qui est un ennemi du camouflage.
Dans la nature, des espèces d'oiseaux et de mammifères, ainsi que certains amphibiens et insectes sonneurs ont un rôle de sentinelles. Au choix, ils se mettent à crier ou se taisent subitement en présence d'un danger, en l'occurrence un super prédateur tel que l'Homme, alertant du coup l'ensemble de leur biotope et les humains qui le comprennent.
Ce phénomène est d'autant plus vrai si vous marchez comme un prédateur en chasse.
Les animaux vivent suffisamment de perturbations d'origine humaine, sans que vous ayez besoin d'en rajouter.
En approche, marchez en ramassant votre silhouette, utilisant tous les écrans disponibles entre votre objectif et vous. Mais marchez normalement, simplement, en ralentissant considérablement votre vitesse.
Un mouvement régulier et fluide est beaucoup moins perceptible qu'un mouvement sec et rapide, surtout face à un œil exercé qui fixe une zone avec intérêt.
Soyez ralenti, marchez en douceur, sans saccades. La marche d'approche est par définition stressante et pénible… faites en sorte que ça n'empire pas.
Détendez vos pieds et posez toute la plante au sol. Pas que la pointe, encore moins que le talon. Tout le pied, en déroulant du talon à la pointe, souple et plat. C'est le meilleur moyen d'être discret, stable et de ne pas s'épuiser.
En gros, quand vous marchez, faites comme un herbivore qui se nourrit. Un pas tranquille, prudent, sans bruit et sans saccades. C'est inné chez eux, ce qui leur permet de se fondre tout en continuant à se nourrir, sans créer de bruit qui parasiterait leur ouïe. Pas d'arrêt fréquent comme un prédateur qui piste.
Ne tournez la tête que lentement, le contraire serait un signe menaçant pour les animaux qui alarment leur environnement.
Si vous rampez, faites le serpent et pas le lézard. Ne vous secouez pas. Traînez-vous, sil le faut, comme une limace. C'est plus fatigant, mais tellement plus discret.
Il suffit de comparer la discrétion de déplacement dans l'herbe, entre un serpent et un gros lézard…
•Le mouvement d'action
C'est l'ensemble des mouvements que vous faites pour tout ce que vous devez faire à part marcher: vous grattez, monter votre trépied, regarder aux jumelles, manger, boire… que sais-je encore.
Comme vous devez vous considérer comme constamment surveillé, oubliez tout ce qui est mouvement ample et décollé du corps.
Faites glisser vos mains et vos bras le long de votre corps, comme une caresse. Si, par malheur, vos mains ne sont pas couvertes, un mouvement ample et rapide peut être vu de très loin, par un animal.
Là encore, prenez votre temps; bougez lentement et en gardant vos membres collés à votre corps.
Proverbe à méditer :
« En forêt, on se déplace toujours trop vite ! »
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5- L’ECLAT : « Malheur à celui qui luit ou qui brille! »
Prenez le temps d'en faire le tour. Disposez du gaffer sombre ou camouflé sur ce qui doit l'être : fût d’objectif, assistant infrarouge de mise au point, éventuellement sur certaines parties de votre boîtier mais aussi votre montre, bijoux apparents…
Evitez par ailleurs tout ce qui est trop riche en nylon. Le nylon luit au soleil.
Bien sûr, pensez qu'en approche et en situation de stress, vous allez suer comme un bœuf. La sueur se voit sur une peau claire, mais c'est encore plus vrai sur une peau mate ou noire; le soleil s'y reflète un peu trop bien.
Les crèmes de camouflage se délavent vite à cause de ça optez pour une cagoute ou chapeau mou à bords larges et irréguliers par exemple !
Personnellement, je préfère les cagoules ou les filets. Mais prenez tout le temps qu'il faut pour bien choisir ce qui va couvrir votre visage: champ de vision large, matière qui ne gratte pas, couleurs judicieuses, pas trop chaud, bien fixe, ne créé pas trop de buée sur le verre de visée… Un bon camouflage de visage est essentiel.
Souvenez-vous qu'un éclat se voit à des kilomètres et qu'une simple lentille d’objectif trop exposée peut trahir votre présence. Pensez pour cela à « shooter dans les ombres » en plaçant votre objectif dans une ombre déjà présente sur le terrain !
Je le redis, faites le tour complet de votre équipement avant de partir, histoire que vous puissiez revenir tranquille.
Etre trahit parce qu'une pièce de votre équipement brille, c'est tragicomique. Le comique n'étant pas de votre côté…
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6- LA COULEUR :
A l'évidence, personne ne vous demande de porter une tenue rouge sur la neige. Mais il faut savoir que l’œil des mammifères est assez facile à leurrer, surtout s'il ne perçoit pas de mouvement dans son champ de vision.
Une couleur efficace est une couleur qui s'insère dans un large spectre.
Pourquoi l'Alpenflage Suisse, ce fameux camo rouge, est-il si efficace en forêt? Simplement parce que le rouge est correctement inséré dans le spectre des couleurs que l'on perçoit, entre le marron de l'humus et des écorces, et le brun roux caramel des feuilles qui forment la litière forestière. Bingo, le rouge est un compromis acceptable entre toutes ces couleurs.
Parce que la couleur, ça va sans dire, doit être compatible avec l'environnement de votre mission. Cherchez celles qui s'insèrent entre les couleurs dominantes du décor.
Imaginez une forêt aux feuillages jaunes et aux troncs rouges. Les deux couleurs sont trop opposées pour pouvoir se chevaucher discrètement. Prenez une tenue orange, vous jouerez efficacement sur la perturbation de l'œil induite par l'addition jaune + rouge.
Plus réaliste, si vous devez constituer vous-même votre camouflage, collez les couleurs sans limite franche, là où vous hésiterez à définir une dominante (principe du Multicam). Vous hésitez entre le kaki et le marron? entre l'écorce et le feuillage? mêlez sans frontière nette les deux couleurs, vous n'en serez que plus efficaces, tantôt kaki, tantôt marron. Cette « recette » est d’ailleurs le principe des ghillies dont l’efficacité n’est plus à prouver lors des sorties (même s’ils présetent par ailleurs de nombreux inconvénients !)
Certaines couleurs efficaces peuvent vous surprendre, mais partez du principe qu'il faut travailler sur COMMENT vous percevez et non pas QUELLE EST EN REALITE LA COULEUR que vous percevez.
C'est la lumière qui donne son rendu à une couleur. Pas la couleur elle-même. Il n'existe pas de couleur invariable sous la lumière.
Exemple: les Land Rover roses des SAS dans le désert. Il n'y a pas de rose dans le désert, mais cette couleur s'insère correctement entre l'ocre des pierres, le sable beige et les ombres qui sont marrons… le tout, magnifié par la lumière du désert et l'effet rose qu'elle donne à cet environnement.
Choisissez votre tenue avec soin, sans tenir forcément compte de la destination originelle du camouflage. Le DPM Désert 95 marche magnifiquement dans une forêt tempérée en hiver et même en été, quand les feuillages verts sont hauts. A-t-il été pensé pour ça?
Enfin, puisque toutes les solutions sont dans la nature, faites comme les grands prédateurs: foncé en haut, clair en bas. Pourquoi?
Parce que l'étage bas de la végétation change peu, comparé aux étages supérieurs. L'herbe jaunit bien plus vite que les feuillages, non?
Mais surtout, parce que si vous évoluez dans une végétation claire, vous n'en serez que plus efficaces en conditions de faible lumière ou de lumière rasante.
C'est le contraire d'une ligne de crête. Si vous marchez debout en pleine campagne et que vous traversez des milieux herbeux, le pantalon clair ne jurera pas à sa hauteur et la veste foncée, se fondra plus facilement sur la ligne de fond constituée pas les arbres (mais pas sur fond de ciel nocturne, je le rappelle).
Oubliez d'être beaux, soyez efficaces.
Et surtout, n'espérez pas trouver un camouflage qui marche dans tous les environnements, ce n'est pas possible, à moins d'avoir le même costume que le monstre peu avenant de Predator ;-)
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7- LE BRUIT :
Ne perdez pas votre temps à vous déguiser en arbre si vous marchez avec la discrétion d'un éléphant en rut.
Le bruit est le premier facteur de détection par les animaux à courte et moyenne distance (de 0 à 100 m).
S'il n'y pas de bruit suspect, pourquoi devrait-on se méfier?
Le bruit est un indicateur de la stabilité d'un milieu.
Apprenez à connaître les espèces qui alarment leur milieu pour ne pas les alerter (en plus, vous en serez respectueux); profitez des bruits réguliers (chutes d'eau, routes, grillons, vent, tonnerre, passage lointains de voitures ou d’avions…) pour vous déplacer.
ne jurez pas dans votre environnement.
Sauf si vous êtes trop près de votre sujet vous pouvez vous permettre un peu de bruit, tant qu'il ne dépasse pas le seuil sonore ambiant. Un pas prudent dans des feuilles mortes ne s'entend pas forcément, même à moyenne distance (25 à 100 m).
Si vous faites du bruit, ne dépassez pas le seuil du bruit mat (sans écho). Pas de bruit sec. Vous avez tous connu la maudite branche ou une brindille qui craque en forêt, c'est impardonnable !! Regardez où vous mettez les pieds.
Dans tous les cas, vous ferez moins de bruit en posant le pied bien à plat plutôt que sur la pointe (votre poids étant dans ce cas concentré sur la pointe).
Le silence n'existe pas et il est très difficile pour une oreille humaine (surtout si elle vient de la ville) de localiser un bruit qui ne détonne pas dans son milieu.
Evitez les bruits réguliers ou facilement identifiables, comme une série de pas, un raclement de gorge,le bas de pantalon qui frotte continuellement, un reniflement, le balancement de l'eau dans la gourde, etc…).
Agissez en fonction des conditions du moment et du milieu ; en forêt, il est très dur pour un homme de localiser la source d'un bruit, parce que les sons rebondissent sur les arbres et les talus et sont absorbés par l'humus mou. Pire en montagne et en milieu rocheux, ou tout les sons sont renvoyés tous azimuts et où le vent presque omniprésent fait voyager les sons sur de longues distances.
La nuit, les sons voyagent plus et sont plus perceptibles, parce que les "nuisances" diurnes ont disparu: plus de grillons, moins d'avions dans le ciel, plus de chants d'oiseaux, souvent moins de vent… Un pas humain peut être perçu à 200 m; un véhicule à plusieurs km, tout dépend de sa taille. Une conversation vole bien au-delà de ses participants. Attention.
Enfin, convenons-en, fixez vos équipements baladeurs et ne créez absolument pas de bruit artificiel, notamment produit par du métal qui choque, du plastique ou un tissu synthétique qu'on froisse.
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8- LUMIERE/ LUEUR :
« La lumière est celle que vous ne devrez en aucun cas produire. »
Il est inutile de faire un topo sur la lampe de poche ou la lampe frontale. On ne les utilise pas sur le terrain sans précaution, c'est une notion antinomique au camouflage. Si vous devez lire une carte ou préparer votre matériel de nuit recroquevillez-vous près du sol, couvrez-vous le haut du corps d'un poncho ou d'une basha et utilisez le filtre rouge de votre lampe militaire ou la position veilleuse de votre lampe civile au plus près de la carte.
La lumière rouge se voit bien moins dans la nuit, car elle n'a pas le halo d'une lumière blanche de plus elle n’éblouit pas !
Laissez vos yeux s'habituer à la pénombre. Au bout de quelques dizaines de minutes, par nuit claire, vous retrouverez une certaine acuité visuelle, sans pour autant devenir un hibou.
Vous arriverez à distinguer les formes majeures de l'environnement, mais ne vous attendez pas à des miracles; à part les nuits de pleine lune où il vaut mieux éviter de s'agiter dans des zones découvertes vous pourrez passer à côté d'un animal sans le voir, et vice versa.
Inutile donc de rappeler que les réchauds, cigarettes et autres réjouissances du genre sont totalement à proscrire, parce qu'en plus de produire des odeurs fortes pour le milieu naturel, ils sont visibles à des kilomètres!
Soyez vigilants à tous les niveaux, car les appareils rétroéclairés, comme les montres ou les écrans de contrôle des boitiers, peuvent vous trahir.
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9- LES ODEURS : « toujours face au vent ! »
Il est évident que certaines odeurs n'ont pas leur place dans le milieu naturel:
_ vêtements neufs;
_caoutchouc des matériaux (dragonnes…);
_ Urine humaine à l'odeur très identifiable (on peut même deviner la dominante d'un menu);
_ déodorants et autres parfums
_ Sueur humaine:
_ odeurs de feu de bois;
_ alcool;
_ Nourriture,
_ Tabac…
Sans aller jusqu'à ce couvrir le corps d'urine de cerf de synthèse (absolument inutile d’ailleurs) ou d'un élixir de feuilles de hêtre, contentez-vous de ne pas produire de nouvelles odeurs ou d'odeurs fortes.
Les hommes habitués à vivre dans la verte peuvent déceler des odeurs "étrangères" au milieu très facilement. Je ne vais pas vous parler de mon cas, je ne tiens pas à passer pour un lycanthrope…
Une bonne parade consiste à rouler ses vêtements dans la terre du site (ou s'y rouler soi-même avec ses vêtements) pour atténuer sa propre odeur. Toutefois, il faut raison garder, un chien possède un odorat 1000 fois supérieur à celui d'un homme.
Donc, si vous êtes confrontés à une truffe hostile, ne vous imaginez pas qu'un cours d'eau dissimulera votre odeur.
Exemple:
un chien mouillé ne pue pas trop tant qu'il est à l'extérieur sous la pluie. Dès qu'il rentre dans un couvert chauffé (maison ou voiture), les gouttes d'eau nichées dans ses poils vont s'évaporer et libérer la molécule odorantes; d'où l'odeur immonde du chien mouillé… idem pour nous !
Privilégiez donc les espaces moins humides, pas encaissés et plus ventilés, là où votre odeur peut être vite balayée par le vent.
Enfin, comme vous avez aussi le droit de détecter les odeurs des autres, entraînez-vous à renifler et, avec patience, constituez-vous un catalogue (souvenirs) d'odeurs diverses et variées.
Vous apprendrez ainsi à faire le tri et à trouver l'intrus surtout lors d’une recherche au sangliers ou de cerfs en rût.
Astuce : Sur le terrain, lorsque vous sentez quelque chose qui détonne, reniflez par petits coups, et ne vous remplissez surtout pas le nez de cette seule odeur, sous peine d'avoir l'odorat neutralisé.
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10- LES TRACES :
Comme j'aime à le dire dans mon discours de sensibilisation à la protection de la Nature, le meilleur moyen de protéger un milieu est de ne pas y laisser de traces. Et bien, pour vous camoufler correctement, appliquez ce principe sans retenue. Apprenez à ne laisser aucune trace et la nature vous remerciera en se montrant clémente.
Les exemples sont nombreux:
_ Pas de signature visuelle, sonore ou olfactive;
_ pas de résidus de repas ;
_ pas de marques sur la végétation (branches cassées, prés piétinés…);
_ pas d'empreintes de pas identifiables, sur un sol nu (boue, sable…) ou dans l'herbe (la coulée d'un animal est plus étroite et rectiligne que celle d'un humain, en "escaliers");
_ pas d'urine ou autre dans votre sillage.
_ assurez-vous de ne rien semer (papiers, brins de toile jute, bouts de filet camo…).
Etc.
Les toiles d'araignées qui barrent les chemins sont un bon indicateur de la présence d'un homme. Si vous en prenez plein le visage, ça peut vouloir dire quasiment à coup sûr que personne n'est passé avant vous… Pas de trace, c'est utile, quel que soit le sens de lecture.
Attention à ne pas modifier le décor!!!
En sortant d'un cours d'eau, ne vaporisez pas les pierres sèches d'eau ou de sable mouillé (qui va blanchir en séchant).
En milieux rocailleux, veillez à ne pas retourner les pierres, qui sont toujours sales dessous et propres dessus. Ne les rayez pas non plus..
CONCLUSION
Plus vous connaîtrez le milieu sauvage, plus il s'alliera à vous, à la seule condition d'y être discret et respectueux.
Le milieu se passe bien volontiers de vous et de votre impact et c'est en ayant conscience de cela que vous devrez agir pour vous y dissimuler et faire ce que vous avez à faire.
Ne considérez pas le milieu sauvage comme une barrière ou un obstacle, mais bien comme un allié. Et c'est en cela que vous devez le respecter.
Cette analyse est terminée. Elle ne représente qu'une petite partie de ce dont je pourrais réellement vous parler, tant il y a à dire. Chacun de ces dix chapitres a été réduit à sa portion congrue afin de pouvoir être plus digeste. C'est relatif…
Je me ferai un plaisir de développer ou d'éclaircir certains points si besoin est; n’hésitez pas à prendre contact avec moi pour toute type de questions concernant le camouflage ou des points évoqués précédemment, je me ferrai un plaisir de vous évoquer mes anecdotes personnelles et de vous faire part des leçons tirées du terrain !
Et je finirai ce chapitre dédié aux bases du camouflage en milieu naturel en reprenant la devise d'une unité que j'admire: le CPIS, ex 11 ème Choc:
"Nul ne verra, nul ne saura".
MESNILDREY Ludovic